Boulot, boulot, boulot!! [Pv Amber]

Lorsque Mark se pencha pour l'embrasser, Amber sourit. Ça faisait déjà un bon moment que les deux amis ne s'étaient pas vus et Mark lui avait beaucoup manqué. Elle posa à son tour un baiser sur sa joue avant qu'un petit sourire triste n'apparaisse sur son visage quand elle songea à la raison de sa présence à l'hôpital. Encore un pauvre gamin qui servait de jouet à un père complètement imbécile qui ne trouvait pas mieux que de frapper son enfant pour passer sa colère.

- Tu as bien raison, répondit Amber en haussant les épaules, je ne suis vraiment pas là pour le plaisir. Et tu sais ce que je pense des hôpitaux...

En effet, la jeune femme avait toujours détesté ces endroits-là. Ç'empestait l'antiseptique, la mort rôdait dans les couloirs... Entre se faire arracher une dent chez le dentiste et une visite de routine à un médecin, Amber choisissait le dentiste. Et aucune anesthésie par-dessus le marché!

Amber eut un petit frisson, posa sa main sur sa hanche et décida de passer aux choses sérieuses. Elle était là pour accomplir son devoir et elle allait le faire, même si les histoires de ce genre l'écoeuraient au plus haut point. Alors elle demanda:

- C'est toi qui t'occupais du gamin? Tu peux m'en dire plus avant que j'aille voir ce bourreau et que je puisse confirmer qu'il en est bel et bien un. Si c'est le cas, il faudra que j'appelle les services sociaux pour qu'ils prennent en charge cet enfant.

Et voilà que l'amie était disparut pour faire réapparaitre le flic qui accomplissait son travail avec acharnement... et très souvent jusqu'à l'épuissement.

Amber avait suivit son ami jusque dans une petite salle d'examens pour regarder les radiographies du gamin. Lorsque Mark les afficha sur le panneau lumineux et qu'il lui montra les fractures sur le crâne, l'horreur la gagna de nouveau. Comment un homme pouvait-il faire subir des choses pareilles à un enfant? C'était inconcevable! Criminel était le mot juste.

Et le flic qu'elle était fut encore plus révolté, si c'était chose possible, quand Mark confia que le père n'avait même pas bronché quand le médecin avait parlé de maltraîtance. Bon point pour la mère. Elle avait craqué... mais était-ce une mascarade? Combien de femmes couvraient leurs maris comme ça pour leur éviter des ennuis avec la justice? Beaucoup trop!

- Tu dis qu'il a une chance de s'en sortir, mais... il aura sûrement des séquelles. Non? Dans le meilleur des cas, qu'est-ce que ça sera? s'enquit le flic en fixant les radiographies tout en fronçant les sourcils.

Et si cet enfant survivait à l'opération qu'il était entrain de subir, que son père finissait avec les bracelets et que le petit était confié aux Services Sociaux, ça ne serait pas de façon définitive. Si un juge décidait de mettre le père en prison et de laisser la garde de l'enfant à sa mère, à la sortie du paternel, les sévices reprendraient de plus belle. C'était une sorte de roue qui n'en finissait pas de tourner.

En soupirant, Amber tourna la tête et regarda son meilleur ami quelques secondes. Comment faisait-il pour voir des cas comme celui-là sans craquer? N'avait-il jamais eu envie de prendre le coupable par la peau du cou et de lui rendre la monnaie de sa pièce? Amber savait pertinemment qu'elle serait incapable de faire le boulot de son ami. Elle aurait trop souvent envie de botter le cul des crétins du même type que le père de ce garçon qui passait sur le billard à la minute même.

Lorsque Mark entreprit d'énumérer les différentes possibilités concernant l'état futur du garçon, Amber se mordit les lèvres en fermant les yeux. C'était horrible. Elle espérait de tout coeur que l'enfant s'en sorte sans trop de séquelles. Il ne méritait pas ça. A vrai dire, personne ne méritait un sort comme celui qui attendait peut-être le petit garçon.

Quand Mark la pris dans ses bras, Amber le laissa faire et se serra un peu contre son meilleur ami. Avec lui, elle pouvait se laisser aller et dire tout ce qui lui passait par la tête. Il n'y avait qu'un sujet sur lequel elle ne discutait jamais avec Mark, celui de sa vie amoureuse. S'ils n'en discutaient pas, c'est parce qu'Amber ne ressentait pas le besoin de se confier à quiconque sur ce plan de sa vie. Elle était très discrète concernant ses histoires de coeur.

Mark la fit sourire quand il dit qu'il était content que ce soit elle qui s'occupe de ce cas, car elle ferait tout pour qu'il s'en sorte. Il s'emmêlait les pinceaux le beau Docteur! C'était à lui de s'occuper du gamin. C'était son champ de compétence à lui! Amber, elle devrait se charger d'inculper le père... s'il était reconnu coupable de maltraitance. Et ça, ça pouvait prendre bien du temps avant d'avoir des preuves solides contre lui. L'enquête serait longue et ardue. Amber devrait interroger les professeurs du petit, les voisins, les amis, les parents... Tous les gens qui auraient pu être témoin d'un accès de violence du paternel envers son enfant. Et que dire de ces gens qui préféraient se taire plutôt que d'intervenir dans une telle situation? Et ceux qui disaient n'être au courant de rien, préférant ne pas se mêler de ces histoires qui ne les regardaient pas?

- Remercie le ciel que ça ne soit pas Vincent qui aie eu cette affaire. Tu aurais sûrement un blessé de plus à l'heure actuelle. dit Amber avant de s'écarter lentement de son ami.

Amber avait toujours les yeux fermés et serrait les poings lorsqu'elle sentit que Mark prenait sa main pour deserrer ses doigts. Elle avait fermé le poing tellement fort que ses ongles s'étaient incrustés dans la paume de sa main, laissant une marque rougâtre. Avoir serré davantage, elle aurait sûrement réussi à se couper, maladroite comme elle l'était.

La policière soupira en secouant légèrement la tête. Même si ce que Mark disait était la vérité, et elle le croyait sincèrement, ça ne l'empêchait pas de penser que la vie se montrait vraiment injuste. On avait pas idée de faire du mal ainsi à un être humain.

Et ses pensées se dirigèrent aussitôt vers le monstre qui était à l'origine de la disparition de son frère. Le calvaire que ç'avait été d'annoncer à ses propres parents que Yann était porté disparu. Amber avait cru que sa mère ne se remettrait jamais du choc. Elle-même était dans un état second ce jour-là. La soeur avait cédé sa place au flic et elle s'était acharnée à retrouver son frère ainsi que tous les autres disparus.

Chassant ces sombres pensées au loin, car ce n'était pas le moment d'y songer, elle avait d'autres chats à fouetter, Amber dit:

- Je n'ai pas d'autres choix que celui de le mettre en garde à vue pour 24 heures. Et mon chef refusera que je m'en occupe ce soir parce que je suis de service depuis près de 15 heures. dit Amber en soupirant. L'interrogatoire devra attendre à demain à moins qu'un collègue ne décide de s'en charger durant son service.

Et pour ça, Amber avait peu d'espoirs. Habituellement, les flics s'occupaient de leurs affaires en cours eux-mêmes... à moins qu'ils ne se demandent un petit coup de pouce, ce qui était plutôt rare.

Ensuite, Mark proposa qu'ils sortent, histoire de se changer les idées. Amber était tentée. Elle avait besoin de changer d'air, de penser à autre chose et qu'y avait-il de mieux que de le faire en bonne compagnie?

- J'accepte avec plaisir. On se rejoint quelque part? demanda-t-elle même si elle était persuadée qu'il voudrait rentrer chez lui pour se changer avant de sortir.

Amber était contente que Mark aie accepté son invitation à passer la soirée chez elle. Ils étaient crevés tous les deux, ça ne leur ferait que le plus grand bien de rester tranquilles. Et ils pourraient ainsi rattraper le temps durant lequel ils n'avaient pas pu se voir à cause de leur boulot respectif.

Après son coup de fil à la sécurité, ils attendirent patiemment que les trois agents fassent leur apparition. Lorsqu'elle les vit, Amber eu un petit sourire appréciateur. Trois armoires à glace, voilà exactement ce que ça lui prenait. Ils avaient tous l'air d'avoir environ 40 ans. Ils avaient donc de l'expérience. Amber fut soulagée de voir qu'on ne lui avait pas envoyé des jeunes qui voulaient faire leurs preuves.

Une fois leurs instructions données aux agents de sécurité, leur petit comité franchit lentement la porte et ils se dirigèrent à grands pas en direction du couple, Amber posa sa main sur son arme. Avec un type comme celui-là, on n’était jamais sûrs de rien.

Amber attendit patiemment que Mark explique aux parents ce qui s’était passé dans le bloc opératoire et qu’il ne leur annonce le décès de leur fils. Et comme s’y attendait Amber, la mère s’effondra et Mark parvint à la rattraper avant qu’elle ne touche le sol.

La policière, elle n’avait pas quitté l’homme des yeux. C’était lui qui la préoccupait d’avantage. Comment allait-il réagir lorsqu’elle lui débiterait son discours habituel? Amber sortit lentement son insigne de la poche de sa veste de cuir et la montra à l’homme tout en se présentant.

- Monsieur, aux vues des circonstances entourant le décès de votre fils, je vous demanderais de bien vouloir me suivre au poste de Police. J’aurais quelques questions…

Elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase que son suspect sortait un couteau à cran d’arrêt, attrapait Mark, qui s’occupait de la jeune femme, par le col de sa blouse blanche.

Amber dégaina son arme en criant aux agents d’évacuer l’endroit. Moins il y aurait de personne à assister à cette pénible scène, mieux ça serait… et moins il risquait d’y avoir des blessés.

- Relâchez-le! Tout de suite! ordonna-t-elle en pointant son arme sur l’homme qui retenait Mark prisonnier de sa poigne de fer.

Mais l’homme ne semblait pas l'entendre de cette façon et ne semblait pas vouloir en rester là. Il posa la lame sur la gorge de Mark en sifflant:

- Laissez-moi sortir d’ici et il n’arrivera rien à votre cher toubib! siffla-t-il entre ses dents, ne quittant pas Amber des yeux.

Amber frissonna, mais le cacha tant bien que mal. Un de ses pires cauchemars était entrain de se reproduire sous ses yeux. Une personne qu’elle aimait était en danger et c’était elle qui devait calmer le jeu!

«Où il est Vincent quand j’ai besoin lui? Merde!» jura-t-elle dans sa tête en évitant de croiser le regard de son meilleur ami. Elle savait que si leurs regards se croisaient, elle perdrait tous ses moyens… Elle le savait.

Amber voyait bien que Mark lui faisait signe, le plus discrètement qu'il le pouvait, de se calmer, mais c'était plus fort qu'elle. Elle avait la trouille que le malade ne mette la vie de Mark en danger avec sa lame collée contre la gorge du médecin. Et comme si ce n'était pas suffisant, voilà que Mark tentait de le raisonner! Comme si l'homme était ouvert d'esprit à ce point! Il n'avait qu'une idée en tête, celle de s'enfuir pour échapper à la Justice!

Mais n'avait-il rien appris lorsqu'Amber lui racontait ce qu'il fallait faire dans des cas comme celui-là? L'otage devait se la fermer plutôt que de risquer d'envenimer les choses! La jeune femme se promis de lui passer un savon!

Plutôt que de raisonner l'homme, l'idée de Mark ne fit qu'empirer les choses. Le suspect se mis en mouvement pour s'éloigner d'Amber et des agents de sécurité, sans doute dans l'espoir de trouver une porte de sortie.

Lorsque l'homme se mit à se déplacer lentement en entraînant avec lui Mark qu'il retenait toujours prisonnier, le sang d'Amber ne fit qu'un tour. Si elle devait lui tirer dessus pour qu'il relâche Mark, elle le ferait. Elle qui détestait devoir se servir de son arme. Elle était toujours persuadée qu'il y avait d'autres solutions qui s'offraient à elle. Utiliser son arme de service ce n'était qu'en dernier recours.

Mais les choses allèrent beaucoup plus vite qu'elle ne l'avait imaginé. Trop occupé à garder les yeux sur le flic qui le tenait en joue, le suspect recula et alla buter contre les chaises de plastiques, les faisant basculer lui et Mark.

Mark se dégagea et s'éloigna tant bien que mal de l'individu. Amber remarqua aussitôt qu'il était blessé. Tandis que les trois agents se précipitaient sur l'homme pour le maîtriser, Amber garda la pose, son arme à la main, jusqu'à ce qu'on lui aie passé les menottes.

Une fois qu'elle fut sûre que son homme ne pouvait plus nuire à quiconque, Amber se rua sur Mark et elle vit qu'il saignait. Et comme si ce n'était pas suffisant, fallait qu'il se mette à faire son petit comique.

- Tu... Tu vas bien? demanda-t-elle blanche comme un linge.

Amber était soulagée de voir les renforts débarquer. C'est avec joie qu'elle décida de leur laisser le soin de conduire son nouvel ami jusqu'à sa nouvelle résidence pour les 24 heures à venir.

Une fois que les polciers eurent embarqué leur homme, Amber se tourna à nouveau vers Mark et se mordilla la lèvres inférieure à la vue de la plaie qu'il avait dans le cou. Elle n'avait pas su le protéger. Elle avait faillit à sa mission. Tout ça parce qu'elle avait été totalement omnibulée par le danger que courait un de ses proches.

Mark avait sans aucun doute remarquer le regard qu'elle lui jetait, car il porta une main à son cou et dit qu'il s'agissait d'une coupure superficielle et qu'un pansement remédirait à la situation. Bien que c'était lui le Médecin, Amber n'était pas convaincue aussi répondit-elle, sur la défensive:

- Une coupure superficielle? Je veux l'avis d'un autre médecin, Mark. Je ne pars pas d'ici tant que je ne t'aurai pas vu te faire soigner par un médecin compétent qui me confirmera ce que tu viens tout juste de me dire.

Elle était têtue? Tout le monde le lui répétait sans cesse? Et bien là, ils auraient de bonnes raisons de dire que lorsqu'elle avait une idée en tête, elle ne l'avait pas dans les pieds!

Après qu'il l'eut entrainée dans la petite salle d'examens qu'ils avaient quittés un peu plus tôt en compagnie des trois agents de sécurité, il la fit asseoir sur la table d'examen et alla farfouiller dans une armoire d'où il revient avec un cachet et un verre d'eau... qu'elle regarda de travers. Elle comprenait où son ami voulait en venir et il était hors de question qu'elle avale ce truc. Elle deviendrait complètement débile et incohérente. Et il fallait qu'elle soit cohérente pour l'engueuler comme il le méritait.

C'était sans compter qu'elle détestait prendre des médicaments. Il n'y avait rien qu'un peu de sommeil et un bon verre de vin ne puisse régler.

- Inutile. Pas question que je prenne ce truc-là. Tu sais ce que ça me fait. Dans quelques minutes, je vais aller mieux, mon coeur va avoir repris son rythme normal, je vais m'assurer que tu te fasses soigner et ensuite, je rentre chez moi où je vais t'attendre pour qu'on passe une bonne soirée et oublier ces... évèvements.

«Et pouvoir t'engueuler autant qu'il me plaira de le faire.» termina-t-elle dans sa tête, préférant garder cette activité pour elle-même encore quelques heures.

Il devait penser qu'elle exagérait, encore une fois. Aux yeux de tous, quand elle s'inquiétait, elle exagérait, mais lorsque les rôles étaient inversés, la situation était totalement différente et elle n'avait absolument pas le droit de se plaindre du sort qu'on lui réservait. C'était injuste.

Mais Amber fut soulagée que Mark ne tente pas de la forcer à avaler le cachet qu'il lui avait tendu avec un verre d'eau. Ils auraient très bien pu se chamailler pour une stupide histoire de pilule. Et comme elle ne ressentait pas du tout le besoin d'avaler des médicaments pour se calmer, elle fut contente de ne pas le voir insister. Amber n'avait pas besoin de ça pour être complètement patraque. Une nuit sans sommeil et ça lui ferait le même effet.

Elle regarda Mark s'éloigner en direction d'une autre armoire dans laquelle il fouilla à nouveau et en sortit une bouteille et une sorte de petite boulette stérile. Il allait essayer de se soigner lui-même plutôt que de demander à un de ses confrères de le soigner.

«Ah les hommes!» songea-t-elle en secouant la tête, amusée malgré tout.

Ensuite, Mark revint vers elle, approcha sa plaie des yeux de son amie et lui montra que sa plaie ne saignait presque plus. C'était déjà ça et ç'avait l'air beaucoup moins pire une fois nettoyé.

Quand elle vit Mark saisir son stétoscope, elle lui jeta un regard intrigué. Qu'avait-il l'intention de faire avec ça? Amber n'eut pas à attendre très longtemps, car déjà il écartait les pans de sa chemise et posait le machin métallique sur sa peau, la faisant grelotter.

- Tu sais qu'on a passé l'âge de jouer au Docteur, Mark? demanda-t-elle le plus sérieusement du monde pendant qu'il vérifiait ses signes vitaux.

Amber fit une drôle de petite moue lorsque Mark répondit qu'avec lui il n'y avait pas d'âge pour jouer au docteur. Elle aurait dû se douter qu'il trouverait le moyen de la taquiner en reprenant sa réflexion à sa façon.

- Tu aimes ça te moquer de moi, pas vrai? Aller! Avoue Doc! répondit-elle en riant tandis que son ami se dirigeait à nouveau vers la fameuse armoire et en sortait une paire de gants qu'il enfila aussitôt.

Quand il lui demanda si elle voulait bien l'aider à mettre le pensement adhésif sur sa plaie, Amber acquiesça en souriant et dit:

- Approche-toi donc, Toubib, que je martyrise un peu, histoire de te rendre un peu de toutes les tortures que tu m'as infligées depuis que tu as eu ton poste ici.

En effet, Amber avait une... appellons ça une prédiclection, à se blesser de façons plus stupides les unes que les autres. Une dégringolade dans l'escalier de son immeuble, une belle entorse faite en courant, des côtes fracturées après une petite bagarre de rien avec un fou qui refusait de se rendre... Plein de petites bêtises qui méritait qu'elle rende une petite visite à son médecin préféré... car il était exclu qu'un autre médecin ne pose la main sur elle. Amber n'avait confiance qu'en Mark.

Elle se leva et quand il fut à sa hauteur, elle appliqua lentement le pansement. Elle ne voulait pas lui faire mal non plus. Une fois que ce fut terminé, elle le regarda et s'enquit:

- Ça va? Je ne t'ai pas fait mal?